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Camouflage pour l’observation et la photo animalière : utile, quand et comment l’utiliser

Le camouflage ne concerne pas seulement les animaux. Pour observer la faune sans la perturber et, parfois, s’en approcher un peu plus, camoufler notre présence peut faire une réelle différence. Est-ce indispensable ? Non. Est-ce utile ? Oui, souvent. Cela dépend de l’espèce, du lieu, de la saison et de votre façon de vous comporter sur le terrain.

Ce guide propose un tour d’horizon pragmatique : niveaux de camouflage, choix des couleurs, gestion des odeurs et des mouvements, accessoires, affûts, guillie, entretien… avec un fil rouge : réduire au maximum notre impact sur les animaux.

Pourquoi se camoufler ?

Sans camouflage, vous verrez tout de même des animaux si vous êtes au bon endroit et restez calme. Mais leur comportement changera plus vite en vous apercevant : fuite, vigilance accrue, pause prolongée “tête haute”. Le camouflage aide surtout à observer plus longtemps des comportements naturels, à distance raisonnable, sans forcer l’approche.

Notez qu’en contexte urbain ou périurbain, certaines espèces (renards, canards habitués aux humains) tolèrent davantage la présence humaine. En pleine forêt ou en zones peu fréquentées, la méfiance augmente : un vêtement voyant ou une silhouette très lisible feront fuir beaucoup plus vite.

Les niveaux de camouflage

1) Sans camo, mais couleurs neutres

Avant d’acheter du matériel, fouillez votre garde-robe. Privilégiez des tons proches du milieu : vert tendre, kaki ou beige en lisière et prairies ; bruns, gris et noirs mats en sous-bois. Évitez les motifs très contrastés, logos brillants et textiles bruyants. Un bonnet/bob et des gants sobres réduisent la visibilité des zones qui bougent beaucoup (tête, mains).

Astuces terrain

  • Appuyez votre silhouette contre un tronc, un talus, quelques branches déjà au sol. Sans rien casser : l’idée est de “casser” la forme humaine.
  • Restez bas. S’asseoir en tailleur ou sur un petit siège discret réduit la silhouette.
  • Bougez au ralenti et rarement. Le mouvement trahit plus que la couleur.

2) Filets et écharpes de camouflage

Un simple filet 3 × 1,5 m tendu entre deux arbres ou posé sur vous modifie à la fois forme et couleur. C’est léger, peu coûteux et très efficace en affût ponctuel. L’objectif de l’appareil peut sortir à travers, le reste reste masqué. Des “écharpes filet” permettent aussi d’envelopper boîtier et longue focale pour éviter reflets et surfaces claires.

3) Tenues camouflées dédiées

Pantalon, veste, cagoule, poncho type “feuillage” : l’offre va du très abordable au technique (déperlant, silencieux, respirant). L’intérêt principal n’est pas “d’être invisible”, mais de réduire la lisibilité de la silhouette et des contrastes. Réservez les motifs très marqués aux situations d’affût fixe ; pour l’approche, des tons unis et mats restent polyvalents.

4) Ghillie suit (camouflage 3D)

Efficacité redoutable en affût : la silhouette disparaît, les lanières bougent comme de la végétation au vent. Inconvénients : chaleur, prise au vent, tout s’accroche, mobilité réduite. À utiliser quand vous savez où vous poser et que vous comptez rester longtemps. Des versions DIY existent, mais veillez à la sécurité (voir plus bas).

Camouflage, ce n’est pas que visuel : l’odeur et le son comptent

Les animaux perçoivent très bien les odeurs. Limitez les parfums, déodorants marqués, lessives parfumées et répulsifs insectes fortement odorants. Mieux vaut couvrir la peau (manches, col, chapeau moustiquaire) que vous asperger de produits. Selon le vent, placez-vous en conséquence quand c’est possible ; dans la pratique, on ne maîtrise pas toujours d’où viendra l’animal, d’où l’intérêt d’un ensemble de “petits plus” (couleurs, immobilité, odeurs réduites).

Côté bruit, privilégiez vêtements silencieux et manipulations lentes. Masquez les surfaces réfléchissantes (montre, téléphone, objectif clair).

Affût, tentes et postes surélevés

Les tentes d’affût sont très efficaces si on les laisse en place plusieurs jours pour que la faune s’y habitue. L’intérêt : à l’intérieur, pas besoin d’être en full camo. Vérifiez toutefois la réglementation et l’acceptation locale (forêts communales, réserves, propriétés privées). Des postes surélevés existants (chasse) offrent parfois d’excellents points d’observation ; n’y accédez que si c’est autorisé.

Éthique : minimiser l’impact, surtout en période sensible

Objectif prioritaire : ne pas modifier le comportement des animaux, ni ponctuellement ni sur la durée.

  • Évitez les rassemblements au même terrier/nid. Si la fréquentation explose, changez de spot.
  • Distance de sécurité accrue en période de reproduction et d’élevage des jeunes.
  • Pas d’appâts, pas d’appels sonores répétés près des nids/terriers.
  • Si un animal vous a détecté et modifie clairement son comportement, vous êtes trop près ou trop visible : reculez.

Nettoyage et entretien des vêtements

Évitez les lessives très parfumées et les adoucissants. Certains agents blanchissants et résidus optiques peuvent refléter aux UV, potentiellement visibles pour certaines espèces. Privilégiez un rinçage abondant, une lessive neutre et laissez sécher à l’air libre. Pour les ghillies, certains praticiens “cassent” l’aspect neuf (terre, frottage) pour obtenir une texture plus naturelle ; faites-le prudemment selon la solidité du matériel.

Sécurité et bon sens

Adaptez votre tenue au contexte social et légal. Une ghillie en parc urbain peut inquiéter le public ou attirer la police. En saison de chasse, informez-vous, soyez visible hors affût lors des déplacements (gilet quand vous marchez, camo quand vous êtes posé), et n’occupez jamais un poste sans autorisation.

Quand le camouflage change vraiment la donne

  • Mammifères méfiants en milieux calmes (chevreuils, renards, cerfs) : l’observation dure plus longtemps, avec comportements naturels.
  • Oiseaux d’eau sur plans d’eau peu fréquentés : rester bas et camouflé permet des distances plus courtes, sans fuite immédiate.
  • Espèces habituées aux humains en ville : gain moindre, mais couleurs neutres et immobilité restent payants.

En résumé

Le camouflage n’est pas magique, mais il additionne des petits avantages décisifs : silhouette moins lisible, couleurs fondues dans le décor, mouvements réduits, odeurs moins marquées. Commencez simple (couleurs neutres, positionnement, immobilité), ajoutez un filet si besoin, et réservez les solutions plus “lourdes” (tente, ghillie) aux affûts ciblés. L’objectif n’est pas de “tromper” la nature, mais de s’effacer pour observer sans déranger.

Si vous avez testé différentes approches (sans camo, couleurs neutres, filets, ghillie), partagez vos retours : contextes, espèces, saisons, distances effectives. Vos expériences aideront la communauté à progresser, avec la même priorité pour tous : la tranquillité des animaux.