On imagine souvent l’ornithologue comme quelqu’un qui se balade dans la nature, carnet en main, notant paisiblement ses observations d’oiseaux sous un rayon de soleil. La réalité est un peu différente. Comme beaucoup de scientifiques, les ornithologues passent aussi énormément de temps… devant leur ordinateur. Je vous emmène dans une journée type de différents profils d’ornithologues, pour comprendre la diversité de leur travail.

L’ornithologue de terrain

C’est celui auquel on s’identifie le plus facilement. Il travaille souvent dans des stations de recherche isolées, au cœur de la nature. Sa mission : observer, compter, mesurer. Mais pas en mode « promenade du dimanche » ! Prenons l’exemple de Kevin McGowan, du Cornell Lab of Ornithology, qui étudie les mêmes corneilles depuis… 26 ans.
Réveil à 4h30. À 5h30, jumelles, filets japonais, micros et carnets de notes sont en place. Toutes les demi-heures, il fait un comptage complet des espèces présentes. Les oiseaux capturés dans les filets sont mesurés, bagués, puis relâchés. Ensuite, direction l’ordinateur pour analyser des gigaoctets d’enregistrements audio, traiter les données avec RavenPro, et les partager via des plateformes comme eBird.
Un travail exigeant, solitaire, parfois épuisant… mais crucial pour fournir des données de qualité, sans lesquelles aucune intelligence artificielle ni recherche moderne ne serait possible.

L’ornithologue de musée

Autre profil : celui qui gère les collections d’histoire naturelle. Les oiseaux empaillés que l’on voit au musée ne représentent qu’une infime partie des spécimens conservés. Classer, documenter, préparer des peaux, cataloguer des parasites (parfois jusqu’à monter 300 lames de poux !) fait partie du quotidien.
Ce travail peut sembler minutieux, voire austère, mais il est essentiel : il permet de conserver des références précises, parfois d’espèces disparues, et d’offrir des bases solides aux futures recherches. Aujourd’hui, scanner en 3D ou extraire du matériel génétique de ces collections ouvre des perspectives incroyables.

L’ornithologue en bureau d’études

Il intervient dans l’évaluation d’impacts environnementaux. Exemple : un parc éolien. Avant sa construction, l’ornithologue analyse le vent, la météo, les trajectoires de migration, les espèces locales. Tout est cartographié, référencé, analysé. Au final, il produit un rapport détaillé avec recommandations : arrêter les turbines lors des pics migratoires, protéger certaines zones, ou encore poser des capteurs supplémentaires.
Ici, la science rencontre la législation, et les décisions peuvent avoir un impact direct sur la survie des populations d’oiseaux.

Les gardes de parcs et les associations

Enfin, il ne faut pas oublier les gardes des parcs nationaux et les associations comme eBird ou la Vogelwarte en Suisse. Éducation, sensibilisation, suivi de la biodiversité locale, recommandations politiques : leur rôle est multiple. Ils sont souvent le lien direct entre la science et le grand public, et représentent une immense richesse de connaissances partagées.


En bref : derrière chaque observation amateur se cache tout un monde de passionnés et de professionnels qui consacrent leur vie à produire, trier, protéger et valoriser des données sur les oiseaux. Sans eux, nos connaissances seraient bien plus pauvres, et la biodiversité encore plus fragile.

Prochain épisode : on parlera de bioacoustique. Qu’est-ce que c’est ? À quoi ça sert ? Et surtout, comment vous pouvez vous y mettre !